Christiane Elmer fait ses adieux.... / N. Baschung

« J’aime les gens »

Après 30 ans à la rédaction francophone de l’angelus, Christiane Elmer prend sa retraite. Trois décennies qui ont renforcé sa foi.

Après 30 ans à la rédaction francophone de l’angelus, Christiane Elmer prend sa retraite. Trois décennies qui ont renforcé sa foi.

La rédaction de l’angelus fait aussi de la pub pour l'Eglise. Que signifie pour toi « être catholique » ?

Je me revendique chrétienne avec toutes les particularités d'une confession attachée à ses traditions. C'est une identité religieuse, une manière parmi tant d’autres de vivre sa spiritualité. J'aime beaucoup la liturgie catholique, notre communauté ecclésiale avec toutes ses différences et les liens qui en découlent. Être catholique, c'est à la fois un élan puissant vers l’intérieur de soi et vers l’extérieur. C’est avoir autant de joie à prier dans le silence d'un monastère qu'à se mêler à la foule lors d'un pèlerinage. Je me sens ajustée dans ces extrêmes qui ne se contredisent pas.

En tant que rédactrice, t’a-t-il toujours été facile de représenter l'Eglise en public ?

Non, il y a eu des moments difficiles. Je suis un membre de la paroisse comme les autres et j'ai en outre assumé une fonction au sein de la communauté. En cas de divergences d'opinion ou de tensions, il faut savoir quelle casquette on porte. J'ai parfois été confrontée à des remarques agressives de la part de personnes, souvent distanciées de l'institution ecclésiale. Travailler dans un média d'Eglise, c’est s’exposer et devoir souvent se justifier. Comme tout le monde, ces histoires d'abus sexuels répétés m'ont profondément bouleversée. Mais elles n'ont éteint ni ma foi ni ma confiance.

Quels changements as-tu vécu durant ces 30 ans à l’angelus, dans la paroisse de Bienne et environs ? Lequel t'a le plus marquée ?

Il y a eu beaucoup de changements d'ordre technique et d'autres liés au personnel (quatre équipes pastorales, quatre rédacteurs germanophones, quatre administrateurs...). La paroisse générale est devenue la paroisse de Bienne et environs, puis il y a eu la création de l'Unité pastorale Bienne-La Neuveville et de l’espace pastoral Bienne-Pieterlen. C'est un autre type de collaboration qui permet de créer des synergies. A certaines occasions, nous avons aussi davantage de célébrations plurilingues. Les membres du groupe pastoral francophone ont centralisé leurs bureaux, d'abord à Christ-Roi, puis à Ste-Marie. De nombreux Sud-Américains ont rejoint la Mission espagnole, qui est ainsi devenue une mission hispanophone.

Il n'y a pas que des ressortissants d’Amérique du Sud qui se sont installés à Bienne…

En effet. Je suis frappée par la diversité de notre communauté ! A Bienne, du côté catholique, on pourrait apprendre à prier le Notre Père en français, en allemand, en italien, en espagnol, en portugais, en croate et en polonais ; sans oublier la communauté érythréenne ! Notre communauté francophone compte de nombreux paroissiens africains et le nombre de citoyens français augmente. C'est cette pluralité et cette vitalité au sein de notre communauté qui m'ont le plus impressionnée et qui me réjouissent le plus.

Le paysage médiatique s'est développé de manière fulgurante au cours des dernières décennies. Regrettes-tu parfois le temps d'avant Internet ?

Non. Internet permet de gagner du temps dans la recherche d'informations. Mais cela peut aussi être agaçant lorsque ça ne fonctionne pas ou qu’on ne maîtrise pas bien ces outils... L'informatique est, à mon avis, un mal nécessaire.

Tu as une attitude très respectueuse envers les personnes les plus diverses, que ce soit sur le plan linguistique ou culturel. Est-ce là ta conception de « faire Eglise » ?

Tout à fait. J'aime les gens. Leur diversité me fascine. J'ai une nature expansive et j'ai eu l'opportunité d'apprendre quelques langues. Mon secret, c'est la chance. Si les germanophones et les francophones, par exemple, abordent différemment les thèmes en lien avec l’Eglise, c'est probablement une question de culture ou de tempérament. Il y a des approches cléricales, formelles, et d'autres qui sont plus sociales et militantes. Je pense que nous avons besoin de toutes ces dimensions. Nous sommes complémentaires dans nos approches.

Tu es croyante, pries régulièrement, pars en retraites spirituelles et participes à la vie communautaire ecclésiale. Est-ce que ce travail à l'angelus a changé ta foi ?

Absolument. J'avais une foi endormie et tiède. Au fil du temps, je me suis sentie touchée et me suis mise en marche ... vers le Ciel ! Oui, ce travail à l’angelus a eu un grand impact sur moi. Je ne suis pas devenue meilleure ; j'ai juste jeté l'ancre plus profond.

Aurons-nous encore l’occasion de te rencontrer dans la paroisse, dans d'autres activités ?

Bien sûr ! Je continuerai à être lectrice, ministre de la communion et visiteuse, à proposer des rencontres au groupe du chapelet, à coanimer l'Ecole d’oraison, à poursuivre la coédition d'un livre avec et pour les sœurs de Saint-Paul de Chartres, etc. La meilleure façon de prolonger ce que l'on a fait est de se réjouir de ce que l'on va faire.

Propos recueillis par Niklaus Baschung

 

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