Vierge à l'Enfant, église de Christ-Roi, Bienne / Chr. Elmer

Douceur et douleur d'une Mère

L’expression grave de la Vierge à l’Enfant, dans la chapelle de Christ-Roi, contraste avec la sculpture mariale, si maternelle, installée dans l’église...

L’expression grave de la Vierge à l’Enfant, dans la chapelle de Christ-Roi, contraste avec la sculpture mariale, si maternelle, installée dans l’église...

L’église de Christ-Roi, construite en 1968, figure dans divers manuels d’architecture comme un modèle intéressant de l’art sacré de l’époque. Son architecte, Walter Moser, a réalisé là un bel ouvrage. Même si, jusqu’en 2009, il n’y avait pas de statue de la Vierge dans cette église. Par contre, dans la chapelle, une menue statue de la Vierge à l’Enfant trônait déjà dans la niche de dévotion. Une effigie grave de Marie, assise, tenant son Enfant debout. Tous deux coiffés d’une couronne. « On retrouve souvent ce type de Madone sur la Péninsule ibérique. La Madone de Montserrat en est un fameux exemple », explique le théologien Hermann Schwarzen. Apparentées au modèle byzantin de la Nikopoia (Madone victorieuse), ces figures mariales se fabriquaient dans le courant du 12e siècle. « La Vierge à l’Enfant de la chapelle appartenait à l’abbé Guélat, curé durant trois ans à Christ-Roi. Quelques mois avant sa mort, en octobre 1969, il la remettait à l’abbé Heidelberger qui l’installa dans la niche de dévotion de la chapelle. Trois ans plus tard, peu avant de décéder à son tour, il la légua à Sr Anny Myriam. Qui décida de laisser à sa place cette œuvre qui lui avait été transmise. » Au fil des ans, cette Vierge au visage fermé a changé de propriétaire, mais trône toujours dans son alcôve, auprès des lumignons. Figée dans sa douleur, sa gloire muette et son humble majesté, elle est Mère des afflictions.

Et puis, le 7 juin 2009, jour de la Sainte Trinité, on inaugurait, en l’église de Christ-Roi, la sculpture en bronze de la Vierge à l’Enfant, œuvre du Parisien Pierre Le Cacheux.  Pour rendre l’ensemble plus aérien, l’artiste a eu l’idée de la placer sur un socle, intégré à la robe de la Vierge. A sa base, il a sculpté deux scènes : l’Annonciation et la Présentation au temple. La partie arrière de l’œuvre comporte un grand cercle en verre, rappel de l’univers. Quant à la figure de la lune, à la base du cercle, elle symbolise le reflet de la lumière divine. Albert Messerli, très engagé à l’époque en faveur de cette sculpture, a côtoyé l’artiste. « Il voulait une Marie maternelle, humaine, accessible. Pour la créer, il s’est souvenu de sa propre mère et de certaines attitudes de sa femme envers leurs deux garçons ».

Alors, Vierge de Douceur à l’église et Vierge de Douleur à la chapelle ? Non : Marie d’un même Amour !

Christiane Elmer

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